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Cette fin d’année 2007 a mis sur le devant de la scène médiatique la Mauritanie suite à un tragique fait divers impliquant des touristes. Il se trouve qu’à la même époque en 2005, je me trouvais dans ce pays avec 5 autres amis pour un voyage avec 3 véhicules, qui devait nous conduire sur les pistes de l’Adraar, région magnifique s’il en est. Il faut bien l’admettre, l’arrivée dans ce pays effaça directement toutes les images que j’avais en tête et celle que je me faisais de cette République Islamique. La première nuit sur le territoire Mauritanien, nous l’avons passé à Nouadhibou, dans une sorte de camping en pleine ville, tenu par un mauritanient atypique et entouré d’un mur d’enceinte. Ce mur qui met les occidentaux à l’abri des regards d’une population tellement pauvre qu’elle en gêne la conscience de l’étranger convaincu de ses certitudes de nanti. Repos obligé donc, après une traversée monotone du Sahara occidental. Nouadhibou est une sorte de porte d’entrée dans la misère et nous plonge directement dans la grande pauvreté. Des bâtiments en durs, généralement d’un étage, bordent les principales rues de la ville, elles-mêmes animées par des marchés où règne un désordre local. Un bidonville semble cerner cette cité poussiéreuse. Nouadhibou est une concentration de misère que l’on ne voit que dans les pays très pauvres de cette foutue planète. Je me souviens qu’en cherchant la piste pour atteindre le bord de mer et la ville abandonnée de La Gouira, nous nous sommes perdus dans une énorme décharge où pourrissaient les détritus les plus divers dont des tonnes de poissons. Bien assis dans nos Land Rover, dont l’étancheité légendaire n’a tout simplement pas d’égal, l’odeur insupportable nous envahissait, laissant cette sensation désagréable d’incrustation dans nos narines. Après quelques détours dans ce décor insalubre, nous avons enfin résussi à en sortir pour atteindre La Gouira, ville phantôme au bord de l’océan. Ambiance de fin du monde et vieux canons rouillés qui dorment depuis la fin des années cinquante. Nous avons longé la côte en direction du Cap blanc, au sud. Là, des phoques (moines) de bonnes tailles sont visibles depuis les falaises. Du côté Atlantique, quelques épaves de bateaux pourrissent, mais elles sont bien moins nombreuses que dans la baie de Nouadhibou.

La Gouira, ancienne ville espagnole.

Une des « décharges » de Nouadhibou.

Bidonville de Nouadhibou.

Les détritus ne sont pas que sur terre, à Nouadhibou, une bonne centaine d’épaves de navires gisent le long des plages dans le secteur du port et même plus loin vers la côte. Le site où le fameux train de la SNIM déverse ses milliers de tonnes de minerai impressionne….même de loin.

Ci-dessus le Guadaloupe, échoué depuis 2 ans (à fin 2005). En s’approchant nous avons entendu des chiens de garde sur le pont. On apprendra plus tard que ce navire a encore toute sa cargaison de machines et attends un désensablement qui ne viendra peut-être jamais. En attendant, des gardiens vivent dans ce bateau en permanence.

En sortant de la ville, le décor change. Une route goudronnée relie enfin les deux grandes villes du pays. Après avoir fêté notre nouvelle année dans les dunes de l’Azefal, Nous avons fait un détour par le parc national du Banc d’Arguin. Dans un village typique nous sommes partis à la pêche avec une lanche de bois avec son équipage bien-sûr. Poursuivant notre route vers le sud, nous avons emprunté l’ancien tracé, celui du bord de mer, à l’époque c’était le passage obligé pour l’Afrique de l’ouest.

Puis ce fut Atar et son camping pour voyageurs. Nous avons assisté à l’arrivée de rallye Paris Dakar, ce qui nous a paralysé deux jours durant. Atar était littéralement envahie, les prix pour les étrangers subissant une inflation pour le moins importante, nous avons sagement attendu le départ de cette caravane. Atar est alors redevenue calme et la fièvre des euros facile est retombée.

Chinguetti, Ouadanne, Guelb el Richât. Ces endroits sont magnifiques.

Je garde de la Mauritanie le souvenir d’un pays aux paysages magnifiques, tant dans les régions montagneuses, que dans les vastes plaines de l’Adrar. Les villes concentrent une population pauvre, la plus marquante à mon sens étant Nouadhibou. Malgré un coup d’état survenu trois mois plus tôt, nous n’avons pas vraiment eu de problème avec les autorités. Hormis quelques militaires insistants, les « contrôles » de police sur les routes n’ont pas été très fréquent et nous n’avons pas dû verser un seul euro à ces hommes armés pour passer, ce qui est plutôt bon signe pour ce pays. Pourvu que ça dure.

J’ai volontairement mis des images qui ne sont pas forcément les plus belles dans ce billet sur la Mauritanie. Mais comment passer à côté et ignorer cette grande misère et les souffrances de ces gens. Je ne dis pas que les agressions de touristes sont normales, mais tant que l’extrême misère cotoiera la richesse insolente de notre monde, ces évènements seront inévitables.

D’autres images un peu plus belles et en vrac dans la galerie.