Pour survivre, l’homme, dès qu’il fut doué d’un peu de réflexion, a très vite dû établir des stratégies. Parmi celles-ci, se trouvent les alliances. S’allier par nécessité sous-entend une concession contre nature, quelque chose d’obligé, mais qui ne sert que son intérêt. L’alliance; non pas celles que l’on passe autour d’un annulaire, promesse d’une vie de bonheur, quoique… (et si elle était aussi stratégie en l’espèce?)

Mais revenons à ces alliances, celles que l’on convient avec généralement un ou des individus que l’on apprécie que très moyennement et pour un objectif précis mais inatteignable sans eux. Oui la vie est dure et l’alliance a ses effets pervers, contre nature, inavouables, honteux, voir moches.


De nos jours, ou plutôt à notre époque, les plus touchés par ces alliances contre nature sont les gouvernants, hommes d’États, politiciens ou encore monarques, et ils apprennent très vite l’art de l’alliance contre nature, pour atteindre un but quoi qu’il en coûte. En totale contradiction avec notre morale judéo-chrétienne ou même sociale, les alliances se font et se défont au gré des évènements. Reconnaissons à nos politiciens, particulièrement en période électorale, une certaine habilité dans l’usage des alliances contre nature. Encore heureux, me direz-vous que nos énarques cravatés, nés pour conduire le peuple, puissent poignarder -si possible dans le dos- leurs congénères, pour peu qu’ils aient l’outrecuidance de quelques velléités électorales. Paradoxalement, l’alliance contre nature n’a que peu cours dans nos cages d’escaliers. La locataire irascible du 3ème à gauche ne fera jamais schmolitz avec le concierge, même pour gagner un jour de lessive, question d’honneur.

Mais alors la fourberie serait-elle l’apanage des élites ? N’y aurait-il qu’en politique où des amis de trente ans se déchirent pour un trône dans l’hémicycle ? Et bien je vais vous rassurer; les fourberies et les trahisons sont légions à tous les niveaux. Que celui qui n’a pas été victime ou simple témoin d’une belle petite trahison dans sa famille, son club de pétanque ou à son travail, jette la première pierre.

Quel que soit notre niveau social, nous nous apparentons tous, de près ou de loin, à un clan, un côté ou un courant. Les raisons en sont simples. Vivre ou travailler en groupe nous oblige à adopter ces codes d’alliances. Malheureusement ces codes ou règles sont établies par ceux qui dirigent. Nos vies sont rythmées par des cycles, un peu comme ceux que l’on observe dans la nature. Il nous parait donc normal qu’un d’entre nous fomente un putsch pour éjecter celui qui occupe le poste ou la situation désiré, et le remplace si sa stratégie est gagnante.

En cela, c’est précisément le cycle qui est intéressant. Dans tous clans, lorsque la tête tombe et roule aux pieds des prétendants, les servants, amis d’alors, s’entre-déchirent pour la place vacante. C’est exactement ce que vit un parti politique en France en ce moment (UMP). A bien plus petite échelle, cette logique implacable s’applique aussi. Pas besoin de dire à un loup qui il devra frapper le moment venu. Alors si je peux me permettre, il est bien plus agréable d’être spectateur qu’acteur de ces alliances contre nature, car voyez-vous, regarder s’étriper les loups entres eux a quelque chose de ma foi sympathique, voir même jubilatoire pour peu que le perdant du jour était le gagnant d’hier, c’est un peu de Justice dans ce monde de peine.