Mois : mars 2011

Le Passant…

Il doit passer, il va passer. Le passant passe, un point c’est tout !

Il suffit de l’attendre, comme on attend un train qui ne s’arrête pas. Dans mon imagination, ceci pourrait être la fin d’une belle petite histoire.

Le passant n’a pas de bagages, sinon c’est un voyageur!

Le passant va doucement, sinon c’est un piéton!

Le passant regarde ce qu’il veut, sinon c’est un touriste!

Le passant s’agite de jour, de nuit, en ville, en campagne, en plaine ou en montagne; il passe partout mon passant. Mais ne le confondez pas, de nuit, avec un rôdeur, de jour, avec un vagabond, sur le pâturage, avec un maquignon.

J’aimerais parler avec un passant, il me montrerait ce que je côtoie moi-même et que je ne vois pas; il m’apprendrait à observer et à écouter avant de parler, à réfléchir posément avant d’agir bêtement. Il’apporterait peut-être les réponses à mes questions éternellement en suspens.

Toujours, avec mon imagination, je le vois avec un long manteau, un chapeau aux larges bords. Mais mon imaginaire vieillit avec moi, donc méfiance avec ces clichés…

Enfin, le passant passe un point…non, ce n’est pas tout.

Il faut que je rencontre mon passant. Pour ce faire, je décide de me rendre à la ville, car j’y augmente mes chances, pensais-je..Erreur, pas l’ombre d’un passant et que des piétons, avec la sensation de mettre mes pieds dans un jardin abandonné, où la nature a repris le dessus. Le piéton, ce bipède grand majoritaire en ces lieux est facilement identifiable: il marche vite, les yeux fixés sur les souliers et une main à l’oreille! J’ai dû m’écarter et me faufiler. Pas facile quand on a perdu le rythme.

Je découvre aussi le piéton fainéant, celui confortablement installé sur ses quatre roues carrossées, l’oeil méchant à la recherche d’un petit endroit pour immobiliser son engin dépensier!

Avant de reprendre mon chemin de fer, sachant que je ne trouverai pas mon passant idéal dans cette masse silencieuse, je mets la main encore sur un autre type de piéton fainéant. Alignés au bar d’un bistrot, ils débattent bruyamment sur le prix du ballon de blanc, sans se rendre compte qu’après le quatrième appel pour entendre une réponse invariable « mais oui, j’arrive » le prix du dit ballon a bien augmenté !

De retour au bercail, je sais dès lors que mon passant traversera mon village bientôt. Je voudrais lui faire part de ma grande crainte, celle d’être sûrement un piéton sans le savoir…

Ce fameux passant que je recherche tant,n’est-ce pas moi-même?

Dans la même collection, et à votre bon coeur:

Les voyageurs de Guerre

La nymphomane du pâturage

Gare à vous

L’intelligence de l’Imagination (épuisé)

Adler’s Appetite

Uster/Zh, gros village un peu moche, proche de la grande ville, un soir février 2011. J’accompagne au concert de Adler’s Appetite un pote journalo-chroniqueur de métal de la presse papier. Mais c’est qui Adler’s Appetite ? C’est la formation metal de Steven Alder qui n’est autre que l’ex-batteur de Guns n’Roses, période succès planétaire. 46 ans, la coupe de cheveux idem aux grandes années, la voix sculptée à la cigarette, le geste un peu flou après tant d’excès, on est bien en face d’une légende survivante. Il a gardé la flame du métaleux et a presque les larmes aux yeux lorsqu’on lui demande d’apposer sa griffe sur l’album culte version Vinyl d’Appetite for destruction (1988). Un vrai de vrai quoi. Adler’s Appetite c’est en plus de son groupe un album de six titres que je ne peux QUE vous recommander, ceci pour autant que vous aimiez le metal efficace, sobre et sacrément bon. A ses côtés, et venant d’autres formations, l’improbable Chip Z’nuff de Enuff Z’nuff (!) Michael Thomas de Faster Pussycat (!), Rick Stitch, et Robo de Lady Jack pour les deux derniers. Si ça sent pas bon la Californie tout ça…..

Concert génial dans une salle minuscule, et je peux vous dire ça fait drôle d’entendre une aussi bonne version Sweet child of mine avec l’authentique animal derrière sa Ddrum. Longue vie les mecs¨!

Plus de photos là

Sacrée Micheline

Micheline c’est notre Présidente à nous les Hélvètes. Conseillère fédérale et venant de la Genève-internationaaaale, elle a été élue tout récement comme Présidente de la Confédération à juste ça, c’est à dire à un cheveu dans la soupe ou presque ! Hormis sa coupe de cheveux rappelant les heures de gloire -heureusement passées- de Mireille Mathieu, elle a plutôt du caractère Micheline et surtout, elle n’aime pas du tout les contradictions, fussent-elles de politiciens ou plus encore celles de son entourage direct. Une main de fer la Micheline. Dommage que ce manque évident d’esprit d’autocritique lui fasse si cruellement défaut, car tout de même, les récents évènements nous démontrent qu’il faudrait parfois un peu plus que la contredire. Car Micheline, question bourdes, c’est un peu notre championne « over categorie’s » à Berne.

L’histoire commence, un soir de juillet 2008, la Justice genevoise ordonnait l’interpellation bêtement musclée d’un couple d »intouchables » Hannibal et Aline Kadhafi; Respectivement fils et belle-fille d’un dictateur à la tête d’un pays producteur de pétrole. Régime pour qui, la plupart des pays occidentaux, rampent à ses pieds, sans parler des Etats africains qui lui « doivent » beaucoup -de valises de cash-, de sa gratitude, qui sert généralement à financer de justes causes, comme par exemple des révoltes, guerrillas et parfois même, s’ils sont la forme, un petit génocide local. Car de l’autre côté de la Méditerranée, il en est ainsi, point de démocratie ou autre utopie progressiste qui voudrait un monde meilleur. Des clans, issus eux-mêmes de tribus, règnent sans partage sur ces régions désertiques mais ô combien riche en matière première. C’est une sorte de moyen-âge moderne pour ces dictateurs, utilisant les armes de leurs anciens bourreaux colonisateurs, à savoir l’asservissement, la confiscation des richesses du pays, l’esclavage, le droit de vie ou de mort, bref tout les réjouissances d’une dictature bien portante. La petite Justice genevoise, sûre de sa doctrine toute occidentale, ne se doutait certainement pas de la crise majeure qu’elle allait déclencher en ordonnant l’arrestation de ces gens-qu’il-ne-faut-pas-embêter-parce-que-c’est-comme-ça.

Mais, à Genèèève, d’où vient Micheline, on cultive des traditions fort différentes à celles de l’Afrique du nord, comme les droits de l’homme, la justice et autres valeurs démocratiques basiques. Tout ceci, dans la même ville qui abrite les fortunes colossales des dictateurs ou autres hommes de pouvoirs, et qui d’ailleurs font certainement partie probablement du même club de golf que le clan Kadhafi. Micheline elle, ne règne pas. Mais confortablement installée à Berne au département fédéral des affaires étrangères, elle ne doute pas. Dans ce département, elle n’a jamais eu vraiment à s’occuper d’autre chose que de défendre les intérêts de l’Hélvètie dans le cadre de questions politiques – et pour cause- comme par exemple les négociations bi-trucs avec la courageuse UE, ou, en bonne hélvète[1], offrant ça et là les services de la Suisse comme médiateur entre deux bélligérants se mettant joyeusement la pâtée par population interposée depuis longtemps, donnant au passage l’image d’une femme d’Etat, oeuvrant pour un meilleur monde. Bref, toute l’illusion proprette d’une diplomatie intelligente au service de notre bon pays.

Mais voilà, notre monde -et les diplomates professionnels le savent bien- est fort différent selon les endroits où l’on se trouve. C’est d’ailleur à se demander si Micheline, ou plutôt si ses services, ont simplement accès à Wikipedia. Si tel avait été le cas, Berne, comprenez, La Suisse, aurait immédiatement compris à qui nous avions à faire lors de la crise libyenne. Notons au passage que la naïveté ne doit pas être une tare réservée au DFAE. La Tribune de Genève (journal à grand tirage, donc très bon pour la cheminée), qui dans une plus que stupide course au scoop, publie les photos « police » (obtenue de manière illégale) de l’interpellé aux cheveux gominés par manque de goût, sous le prétexte affligeant du droit l’information. Cela déclenchera au passage l’enragement du clan Kadhafi. On connait la suite, deux ans de prise d’otages pour deux de nos concitoyens, un cafouillage politique indescriptible sous la coupole et qui va produire des dommages irréversibles à notre gouvernement en terme de crédibilité et accessoirement, de bien faire rire le clan Kadhafi, qui va encaisser au passage une tout petit million et demi de nos francs, versé par Micheline.

Mais voilà que l’histoire -la taquine- met à l’épreuve le clan sanguinaire dans son propre pays. Les voilà tous en danger, par un bête vent de révolte de son propre peuple (si on peut parler ainsi), et propagé par ses voisins directs en quête de liberté. Des troubles impensables même quelques heures auparavant éclatent en Libye. Alors tout le monde se met à rêver. Kadhafi tantôt tyran, tantôt terroriste -ce qu’il a lui-même reconnu-, tantôt meilleur pote de harem de Berlusconi, tantôt campeur de l’Elysée, Kadhafi le furieux pourrait bien se retrouver au bout d’un corde sur la place verte. En quelques jours, l’Est du pays n’est plus sous le contrôle du clan. Des militaires désertent et rejoignent les »insurgés ». Ils se montrent au yeux du monde, veulent la liberté, et peut-être même la démocratie qui va avec, va savoir.

Alors Micheline intervient chez Darius[2] , et parle de « régime criminel », s’insurge contre le clan Kadhafi avec une verve qui fait plaisir à entendre. Fini, le Tribunal arbitral chargé de résoudre le conflit entre les deux pays, suspendu et quasi jeté aux oubliettes en direct live. « Il n’y a plus de partie plaignante » (un peu comme pour le couple Hannibal et Aline). La Suisse veut des sanctions elle n’a n’a jamais eu peur de Kadhafi. Micheline se lâche une peu, a du plaisir, un peu comme chez Morisod et ça se voit.

Sauf que voilà, donné pour perdant par notre Ministre visionnaire devant un Darius bouche bée, le Tyran et son clan a retourné la situation en sa faveur. Une opposition désorganisée, peu armée, n’a pas réussi la révolution tant espérée. A l’heure où j’écrit ces lignes, la garde rapprochée de Kadhafi est probablement entrain de liquider les « insurgés » et les rivières de sang promisent par le fiston Kadhafi sont en bonne voie de remplissage. La pensée du jour à Benghazi doit être; Ah, il va falloir penser à se barrer là !

Face à cette nouvelle donne, l’Europe se couche et nous donne la nausée, en commençant par l’Allemagne et la silencieuse et embarrasée Italie. Les USA ne veulent pas s’engager -à juste titre d’ailleurs mais pour d’autres raisons- et la ligue arabe tousse, incapable de quoi que ce soit. C’est un monde de burnes-molles, qui se désintéresse du problème, apeuré simultanément par une catastrophe nuclaire au Japon, qui fait autrement trembler le monde. Tant pis pour les Libyens, visiblement le monde s’en fout, sauf le discret Ban Ki-Monn, qui demande un « cessez le feu ». Oui je sais, c’est des déconneurs à l’ONU. Allez et si on votait une résolution, histoire que l’histoire ne nous en tienne pas trop rigueur.

Reste Micheline, qui a dit des bêtises chez Darius et qui a vendu la peau du dictateur avant qu’il ne soit tué, et il y a fort à parier que Mouammar soit très fâché. Ca va encore être notre fête ! Espérons deux choses: Premièrement que le tyran ne reçoive pas la TSR, et deuxièment qu’il chute tout de même, par une petite trahison entre amis par exemple, histoire de nous éviter de nouveaux déboires avec les verts, j’veux dire les libyens, pas Ueli Leuenbeger. Si notre dictateur décide à nouveau de nous ébouriffer Micheline, on peut craindre le pire, car car comme elle nous a fait une belle démonstration, notre Micheline nationale et ses services ne savent pas trop comment faire, quand ça chauffe un peu fort.

Une fois les opposants du régime de Kadhafi vaporisés au lance-missiles d’origine russe, Jean Ziegler pourra retourner boire le thé en Libye, avec ses amis. Il paraît qu’on aura un bel été à Tripoli.

Notes

[1] Ouais elle drôle non?

[2] Il est vrai que sur les chaînes étrangères on peine à l’inviter, ce qui est dommage, convenons-en.

L’heure des hommages

Il en faut du temps pour se rendre compte qu’il s’en est passé…du temps. Serge Gainsbourg, il y a vingt ans, une nuit de mars 1991 s’en est allé en silence. Il disparaissait alors que You’re under Arrest, son génial et dernier album studio, résonnait encore dans nos têtes, enfin celles qui étaient réceptives bien sûr. A l’époque, personne n’était dupe, Gainsbourg ne ferait pas un bon centenaire, mais quand même, c’est en mourant seul chez lui qu’il nous a donné sans le vouloir sa dernière leçon, celle de l’absence.

En 1987, à la sortie de ce qui allait être le dernier album studio de Serge, la Radio romande avait envoyé l’actuel directeur de la 3 faire une interview de l’homme dans l’intimité de son appartement parisien. Je me souviens très bien de cette émission, j’en avais même enregistré une partie, découvrant au passage que la Radio romande d’alors était capable de faire des trucs intéressants, même pour un gamin de 16 ans. Un montage sonore excellent sur fond de Melody Nelson, et un Gainsbourg qui s’était confié, guidé dans un dialogue intelligent avec Jean-Luc Lehmann, accompagné j’imagine pour l’occaison, de son meilleur Nagra. D’ailleurs c’est ce même Jean-Luc, qui a mis en place en décembre 2010, une incroyable émission dédiée, dont les podcast des surprenantes interviews réalisées à l’occasion sont là. J’aime à penser que l’opération de Couleur 3 est probablement le meilleur hommage rendu en regard aux bouzasses des chaînes françaises qui agitent d’improbables et pathétiques marionnettes de la variété actuelle, et mettant en scène ces ineptes afin d’interpréter (le verbe est juste, mais à leur façon) des chansons de Gainsbourg. Pauvre Serge, pauvre France.

Pour la petite l’histoire, je dois confier qu’en 1988 avec mon pote de l’époque, nous avions réussi par je ne sais quel stratagème, à persuader nos autorités parentales respectives, d’aller voir le beau Serge au Zénith de Paris pour la tournée 1988 de « Gainsbourg en cavale », et probablement par la même de se faire payer le billet. Merci à eux. Ainsi, du haut de mes 17 ans, j’ai vu Gainsbourg à quelques mètres de moi, dans cette salle devenue mytique, fumer trois paquets de clopes en 1h30, tout en distillant un live énorme. Comble de la chance, c’était le soir où le concert était enregistré, le p’tit Lulu doit peut-être s’en souvenir, en tous cas moi, je ne suis pas près de l’oublier.

Les différentes périodes de Serge Gainsbourg sont loin de toutes me passionner, et sur l’ensemble de sa carrière il y a quand même quelques bons canards ! Mais la période « Gainsbar », où je l’ai découvert, reste celle qui me provoque les plus belles émotions, ceci probablement en lien avec les souvenirs de l’époque d’alors. Sa mort m’avait provoqué une vraie tristesse, alors peu comprise. Gainsbourg n’avait pas que des fans.

Dans sa discographie, hormis ses excellents albums studios, je recommande néanmoins, les deux derniers Live du Maître. D’ailleurs, Arte a eu la bonne idée de diffuser le « Bataclan 1985 » l’autre soir, que du bonheur.

Ici la planète des Singes, tu nous manques peu Serge !

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