On a tous un point faible. Moi c’est Duran Duran. Oui, je l’avoue c’est plus fort que moi, je tape du pied chaque fois que j’entends les lignes de basse aguicheuses de John Taylor ou les vocalises de Simon Le Bon. C’est mon côté pop que j’essaie d’enterrer depuis si longtemps. Je dirai même que Duran Duran a du pouvoir sur mon inconscient; en trois notes il me transporte instantanément à travers le temps, dans une chambre d’adolescente que je fréquentais jadis. Me voilà revenu à une époque insouciante et légère, percevant la mélodie de « the Reflex » sortant d’un JVC grésillant et sans basse. Posters aux murs, mon amoureuse d’alors avait les yeux brillants d’admiration en regardant John Taylor et sa coupe de cheveux improbable, en susurrant à mes oreilles Hungry like the wolf. Mais qu’est-ce qui provoquait une telle passion hystérique chez les sujets femelles adolescentes de la race humaine à chaque fois qu’apparaissaient, sous quelques formes que ce soit, les « Fabulous five » ? Je n’ai jamais vraiment trouvé (ni cherché) de réponses à tout ça, mais j’ai souvenir qu’il fallait être inventif pour épater les filles, obnubilées qu’elle étaient par la parfaite esthétique des Duran Duran. De fait, le seul constat que l’on pouvait en tirer, c’est que contrairement à ce que disaient les curés de campagne, nous ne sommes de loin pas tous égaux.

Vers la fin des 80’s, je dois confesser que le sort de Duran Duran m’importait peu. Voyant au loin la sortie mon adolescence, je m’étais déniaisé de la pop servie par nos nouvelles « radios libres » d’alors et j’étais bien plus passionné par d’autres courants que celui de groupes dont la principale activité est de remplir des stades de gonzesses plus ou moins prêtes à tout -ceci dit, soyons bon joueur, relevons la performance-.

Pour les méticuleux, l’histoire de ce groupe est évidement remplie de moult rebondissements, séparations – reformations – re-séparations et autres projets solos plus ou moins heureux. Bref les ingrédients d’un vrai groupe comme il se doit. Je ne vais donc pas développer l’histoire de Duran Duran, d’autres l’ont très bien fait ici.

Question albums, en 1990, j’avais mis trente balles -une fortune à l’époque- dans le best of Decade, que j’écoutais en cachette pour m’éviter les railleries de mes potes d’alors, plutôt nourris à la culture rock prog. Puis, j’avais même acquis Big Thing (avec du retard). En 1994, je découvrais un live acoustique absolument génial sur MTV (unplugged), malheureusement jamais sorti officiellement en DVD ou autres, mais qui me révèlera un peu tardivement que Duran Duran c’est aussi d’authentiques musiciens talentueux. D’ailleurs, en suivant ce lien, vous assisterez à une belle performance « accoustique sur Come Undone avec la regrettée choriste et chanteuse Lamia.

C’est tout personnel, mais Duran Duran est à l’origine de quelques perles comme l’incroyable et méconnue « My Antartica » ou encore « Do you believe in shame ».

Ce que j’aime chez eux, c’est qu’alors qu’ils étaient des mégas stars planétaire, ils ont pris une direction musicale bien plus expérimentale qui leur a fait perdre à peu près 80 % de leurs fans dans les années 90’s. John Taylor aura été le plus prolifique en matière de projet solo. Je pense à Neurotic Outsiders, groupe formé avec Steve Jones un ex-Sex-Pistols et Duff Mc Kagan ex Guns n’Roses. Un seul album, mais une sacrée démonstration de rock pour un bassiste à groupies.

Cela dit, Duran Duran est revenu en force en 2011 avec un nouvel album et surtout une vidéo qui arrache sévère sur la dure vie des mannequins et leur dépendances au luxe. Après les stades de groupies des 80’s, place aux mannequins délurés dans des palaces de luxe et champagne pour tout le monde. Ah il a l’air malin notre curé de campagne. Non vraiment, on est de très loin pas tous égaux. Le titre Girl panic et sa vidéo finalement assez drôle, en disent long sur le sujet.

En novembre 2011 à Klosters/GR, je suis allé voir Duran Duran pour la première fois de ma vie. Le groupe se produisait dans un festival pour riches, sur fond de concours de polo sur glace (si c’est vrai, même moi je n’aurai pas pu l’inventer!). En sortant de ce concert, je me suis fait cette réflexion; Si à 50 balais j’arrive à faire les choses que j’aime avec un sourire identique à celui que John Taylor arborait ce soir-là en jouant de la basse, j’aurai probablement réussi à donner un vrai sens à mon existence.