Catégorie : Chroniques musicales (Page 2 of 5)

Ici on parle musique

Duran Duran

On a tous un point faible. Moi c’est Duran Duran. Oui, je l’avoue c’est plus fort que moi, je tape du pied chaque fois que j’entends les lignes de basse aguicheuses de John Taylor ou les vocalises de Simon Le Bon. C’est mon côté pop que j’essaie d’enterrer depuis si longtemps. Je dirai même que Duran Duran a du pouvoir sur mon inconscient; en trois notes il me transporte instantanément à travers le temps, dans une chambre d’adolescente que je fréquentais jadis. Me voilà revenu à une époque insouciante et légère, percevant la mélodie de « the Reflex » sortant d’un JVC grésillant et sans basse. Posters aux murs, mon amoureuse d’alors avait les yeux brillants d’admiration en regardant John Taylor et sa coupe de cheveux improbable, en susurrant à mes oreilles Hungry like the wolf. Mais qu’est-ce qui provoquait une telle passion hystérique chez les sujets femelles adolescentes de la race humaine à chaque fois qu’apparaissaient, sous quelques formes que ce soit, les « Fabulous five » ? Je n’ai jamais vraiment trouvé (ni cherché) de réponses à tout ça, mais j’ai souvenir qu’il fallait être inventif pour épater les filles, obnubilées qu’elle étaient par la parfaite esthétique des Duran Duran. De fait, le seul constat que l’on pouvait en tirer, c’est que contrairement à ce que disaient les curés de campagne, nous ne sommes de loin pas tous égaux.

Vers la fin des 80’s, je dois confesser que le sort de Duran Duran m’importait peu. Voyant au loin la sortie mon adolescence, je m’étais déniaisé de la pop servie par nos nouvelles « radios libres » d’alors et j’étais bien plus passionné par d’autres courants que celui de groupes dont la principale activité est de remplir des stades de gonzesses plus ou moins prêtes à tout -ceci dit, soyons bon joueur, relevons la performance-.

Pour les méticuleux, l’histoire de ce groupe est évidement remplie de moult rebondissements, séparations – reformations – re-séparations et autres projets solos plus ou moins heureux. Bref les ingrédients d’un vrai groupe comme il se doit. Je ne vais donc pas développer l’histoire de Duran Duran, d’autres l’ont très bien fait ici.

Question albums, en 1990, j’avais mis trente balles -une fortune à l’époque- dans le best of Decade, que j’écoutais en cachette pour m’éviter les railleries de mes potes d’alors, plutôt nourris à la culture rock prog. Puis, j’avais même acquis Big Thing (avec du retard). En 1994, je découvrais un live acoustique absolument génial sur MTV (unplugged), malheureusement jamais sorti officiellement en DVD ou autres, mais qui me révèlera un peu tardivement que Duran Duran c’est aussi d’authentiques musiciens talentueux. D’ailleurs, en suivant ce lien, vous assisterez à une belle performance « accoustique sur Come Undone avec la regrettée choriste et chanteuse Lamia.

C’est tout personnel, mais Duran Duran est à l’origine de quelques perles comme l’incroyable et méconnue « My Antartica » ou encore « Do you believe in shame ».

Ce que j’aime chez eux, c’est qu’alors qu’ils étaient des mégas stars planétaire, ils ont pris une direction musicale bien plus expérimentale qui leur a fait perdre à peu près 80 % de leurs fans dans les années 90’s. John Taylor aura été le plus prolifique en matière de projet solo. Je pense à Neurotic Outsiders, groupe formé avec Steve Jones un ex-Sex-Pistols et Duff Mc Kagan ex Guns n’Roses. Un seul album, mais une sacrée démonstration de rock pour un bassiste à groupies.

Cela dit, Duran Duran est revenu en force en 2011 avec un nouvel album et surtout une vidéo qui arrache sévère sur la dure vie des mannequins et leur dépendances au luxe. Après les stades de groupies des 80’s, place aux mannequins délurés dans des palaces de luxe et champagne pour tout le monde. Ah il a l’air malin notre curé de campagne. Non vraiment, on est de très loin pas tous égaux. Le titre Girl panic et sa vidéo finalement assez drôle, en disent long sur le sujet.

En novembre 2011 à Klosters/GR, je suis allé voir Duran Duran pour la première fois de ma vie. Le groupe se produisait dans un festival pour riches, sur fond de concours de polo sur glace (si c’est vrai, même moi je n’aurai pas pu l’inventer!). En sortant de ce concert, je me suis fait cette réflexion; Si à 50 balais j’arrive à faire les choses que j’aime avec un sourire identique à celui que John Taylor arborait ce soir-là en jouant de la basse, j’aurai probablement réussi à donner un vrai sens à mon existence.

Marillion au Z7

La meilleure chose qui puisse arriver à un fan, c’est de rencontrer son ou ses idoles; ça m’est arrivé. Heureusement, après tant d’années à écouter __Marillion__, la ferveur ou l’admiration sans borne a fait place à une exaltation plus mesurée, moins frénétique en tout cas, mais certainement pas anodine car mon inspiration pour eux n’a pas changé tout au long de ma vie. Je dois l’approche de Marillion lors de sa tournée avec __Saga__ à un ami journaliste passionné à ses heures, et qui interview pour __Daily Rock__, musiciens, chanteurs ou groupes dans le monde du métal. C’est en tant que photographe que je l’accompagnais ce jour de novembre 2011 à Prateln, dans le mythique __Z7__. Sur place, c’est un « Tour-manager » un peu stressé qui nous a reçu, s’excusant du retard pris par le groupe, lequel était toujours aux « soundcheck ». Nous invitant à entrer, nous l’avons alors suivi, passant dans le tunnel derrière la scène pour déboucher sur le côté de la salle: Et là, devant moi, Marillion sur scène faisant sa balance son. J’ai de la peine à définir mon sentiment à ce moment-là; joie ? bien-être ? incrédulité ? Une chose est sûre, mon pouls est resté stable j’en suis presque certain. C’est dans mon esprit que les choses se sont passées. Ils m’ont finalement rendu la tâche assez simple du point de vue émotionnel. Marillion n’est pas un groupe de stars, ils n’en n’ont certainement pas l’attitude. Mais quand on a à son actif 30 ans de carrière, des albums majeurs dans le monde la « prog » et une conduite des affaires aussi intelligente (__marillion.com__), la prestance et la modestie deviennent soudainement des synonymes. J’ai donc eu l’impressionnant privilège d’assister à ce soundcheck de génies, me promenant au milieu des flightcase’s badgés de l’ancien logo de Marillion (période Fish), détaillant de fait, l’impressionnant kit Tama de Ian Mosley ou encore l’étonnante combinaison d’amplis Roland et de rack d’effets qui depuis des années, fait le son de Steve Rothery. Quel incroyable moment….

C’est dans le car de tournée du groupe que __Mark Kelly__ (clavier), nous a reçu. L’entretien qui devait durer 10min en aura finalement fait 30, tant les questions préparées par mon ami et qui avaient fait l’objet d’une préparation très professionnelle, ont rendu notre interlocuteur loquace. Daily Rock peut se targuer d’avoir à son service un véritable pro. Mark Kelly s’est avéré un personnage des plus intéressant, intelligent, drôle et surtout passionné.

Je vous invite à lire l’interview complète de Mark Kelly sur le site de Daily Rock. Une version plus courte sortira sur papier dans une prochaine édition du journal. Mais en primeur (les fans le savent déjà) Mark Kelly nous annonce un nouvel album de Marillion pour 2012, avec au moins une pièce de 26 minutes. (yeah!)

J’ai découvert Marillion lorsque j’avais 16 ans. C’était la fin de la fameuse décade des 80’s. C’est l’âge où je me suis rendu compte avec l’album __Fugazi__ (1984), qu’il existait des choses bien plus intéressantes que les inepties de la pop de l’époque diffusées sur les FM ou de __Music Box__ (pour ceux qui avaient le câble). J’ai dû écouter cet album et les suivants des centaines de fois. Pour la période __Fish__ ma préférence va vers __Clutching at straws__, dernier opus de ladite période. Viendra ensuite l’énorme __Seasons end__ en 1989 avec la voix du désormais nouveau chanteur __Steeve Hogarth__. Une nouvelle ère s’ouvrait alors à Marillion qui a démontré à quel point le groupe a la capacité à se réinventer. Sans tous les citer, __Brave__ (1994) reste comme le disque le plus progressif et est un véritable ovni dans la galaxie « Prog », mais malheureusement si peu connu. De 1994 à 2008, Marillion a été prolifique questions albums (la preuve là), s’est séparé de sa maison de disque et a fondé son label. Ce groupe tourne aujourd’hui grâce à lui seul et se paie même le luxe d’avoir 4 employés fixes. Les cinq membres de Marillion ont tous eu des projets externes. Le plus célèbre est probablement __Transatlantic__, sorte de mega-groupe de Prog, dont fait partie le bassiste de Marillion Pete Trewavas.

Marillion me ramène aussi à mon passé de musicien amateur. Batteur, j’ai fait partie de quelques formations régionales. Et comme ce qui se ressemble s’assemble, de nombreux amis musiciens écoutaient (sans entrer dans des détails d’intégristes) de la Prog. Les mauvaises langues disent que la plupart des groupes de « prog » ont avant tout un public de musiciens et c’est peut-être vrai. Ce qui est sûr c’est que j’ai de bons souvenirs de pèlerinage à des concerts improbables où nous allions prendre des leçons de musique à faire déprimer les plus motivés d’entre-nous et en y repensant, nous étions bien loin d’être les seuls….

Merci Marillion, merci.

Steeve Hogarth

Steeve Rothery & Steeve Hogarth

A gauche; Pete Trewavas

Ian Mosley derrière son kit Tama-Zildjian

Steeve Rothery

Les autres photos dans la galerie Marillion

Blackfield

Pour sa seule date en Suisse, Blackfield s’est produit au Z7 le 18 avril dernier. Autant le dire tout de suite, c’est à nouveau un public un peu averti qui a rempli la mythique salle bâloise, dont un gros pourcentage de fans de Porcupine Tree, si l’on en croyait les t-shirt portés ce soir-là. Mais attention, même si Aviv Geffen et ses musiciens peuvent se targuer de partager la scène (et le studio) avec le génial Steve Wilson (Porcupine Tree), ses compositions sont vraiment à la hauteur. La rock star israélienne nous distille un savant mélange d’ambiances sombres, de bonne pêche et d’envoutantes mélodies. On a même eu droit à une exlcu ! Je vous conseille donc de vous ruer sur la discographie complète de Blackfield sans hésiter, sachant que « Welcom to my DNA », le nouvel album, vient de sortir et qu’il est diablement bon.

Blakfield au Z7

Adler’s Appetite

Uster/Zh, gros village un peu moche, proche de la grande ville, un soir février 2011. J’accompagne au concert de Adler’s Appetite un pote journalo-chroniqueur de métal de la presse papier. Mais c’est qui Adler’s Appetite ? C’est la formation metal de Steven Alder qui n’est autre que l’ex-batteur de Guns n’Roses, période succès planétaire. 46 ans, la coupe de cheveux idem aux grandes années, la voix sculptée à la cigarette, le geste un peu flou après tant d’excès, on est bien en face d’une légende survivante. Il a gardé la flame du métaleux et a presque les larmes aux yeux lorsqu’on lui demande d’apposer sa griffe sur l’album culte version Vinyl d’Appetite for destruction (1988). Un vrai de vrai quoi. Adler’s Appetite c’est en plus de son groupe un album de six titres que je ne peux QUE vous recommander, ceci pour autant que vous aimiez le metal efficace, sobre et sacrément bon. A ses côtés, et venant d’autres formations, l’improbable Chip Z’nuff de Enuff Z’nuff (!) Michael Thomas de Faster Pussycat (!), Rick Stitch, et Robo de Lady Jack pour les deux derniers. Si ça sent pas bon la Californie tout ça…..

Concert génial dans une salle minuscule, et je peux vous dire ça fait drôle d’entendre une aussi bonne version Sweet child of mine avec l’authentique animal derrière sa Ddrum. Longue vie les mecs¨!

Plus de photos là

Transatlantic, encore plus fort

On a tous un maître, disait l’autre, c’est inéluctable, c’est ainsi. Alors que nos existences se déroulent plus ou moins bien, plus ou moins vite, chaque jour voit passer quelqu’un ou quelque chose de plus fort que soi ou que ceux qu’on admire. Je me souviens de ces heureuses années qui marquaient la fin de l’adolescence, au début des 90’s, où j’étais plongé corps et âme dans ce rock dit progressif pour les uns, ou largement trop compliqué pour les autres. Un temps où ceux que nous croyions les plus forts sortaient des albums concepts dont la production nous laissaient sans voix et dont on se demandait qu’allaient-ils bien pouvoir faire après de tels Chefs-d’oeuvre. C’est alors qu’arrivaient sur le »marché » d’autres mecs, d’autres groupes, d’autres virtuoses encore plus géniaux et bien sûr bardés d’autres albums soudainement indispensables. Une fois ma tête sortie de l’étroit seau musical dans lequel je l’avais noyée, je me suis vite réveillé comprenant que les plus forts ne sévissaient pas seulement dans la « prog », mais bien dans l’ensemble des choses que l’on perçoit….. ou pas.

Cela dit, après un concert de trois heures et dix minutes de Transatlantic au Z7 l’autre soir, il est clair que les plus forts étaient bel et bien sur scène et que les ineptes pouvaient sévir en toute sécurité dans le reste de notre planète des singes.

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